Éléments d’une histoire vécue : les années UUU (Universités-Usines-Union) 1968-1971
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La présente étude de l’IHOES est disponible gratuitement en ligne via CE LIEN ou en cliquant sur l'image de la couverture.
Résumé
Cette étude revient sur une page méconnue de l’histoire sociale : celle du mouvement UUU qui, au lendemain de Mai 68, entend combattre le caractère bourgeois de l’Université libre de Bruxelles, s’opposer à la tendance réformiste et participationniste qui s’y met en place et œuvrer à la construction d’une toute autre université qui serait le bien commun du peuple, par le biais d’une alliance nouvelle avec le monde ouvrier.
Description complète
De manière complémentaire à l’analyse n° 202 publiée sur notre site à ce sujet, nous donnons ici la parole à un militant et témoin des faits qui a mené une recherche fouillée et vient éclairer les événements d’un autre point de vue.
Le mouvement Universités-Usines-Union se situe radicalement à gauche et connaît une évolution idéologique, passant d’un groupe d’études peu structuré à un groupe d’action et d’un groupe en contact avec quelques militants ouvriers à un groupe intervenant activement dans les luttes ouvrières. Au sein d’UUU se côtoient différentes sensibilités idéologiques : une tendance maoïste, une plutôt influencée par le trotskysme et une plutôt « conseilliste libertaire ». Pour la majorité de ses membres, il s’agit de leur première expérience politique. UUU trouve ses origines dans l’occupation de l’ULB en mai 1968, lorsque quelques enseignants, chercheurs, employés et étudiants entament une analyse collective de la fonction de l’université à partir de publications scientifiques mais aussi de discussions avec des travailleurs d’entreprises de Charleroi. Leur conception du monde en est bouleversée : l’université leur apparait comme un outil de reproduction d’une société de classes. De 1968 à 1971, la vie du mouvement est ponctuée de moments-clés, avec pour commencer : l’opposition au processus d’élection du nouveau conseil d’administration de l’ULB en dénonçant son caractère non démocratique, des affrontements musclés avec les forces de l’ordre et la réclamation de l’inviolabilité du site universitaire. Des liens et des alliances s’établissent avec la gauche étudiante flamande, mais aussi avec les ouvriers lors de luttes qui explosent notamment dans les mines du Limbourg, chez Citroën-Forest, à l’usine Michelin de Leeuw-Saint-Pierre ou aux Forges de Clabecq, et durant lesquelles UUU dénonce le « carcan de la paix sociale » ou l’absence d’une défense syndicale efficiente en faveur des migrants, des femmes et des jeunes. Autres moments marquants : l’opposition active à la célébration à Bruxelles du coup d'état militaire des colonels grecs ; le conflit ouvert contre la hausse des prix des repas et des chambres de la Cité universitaire ; puis, l’emprisonnement et le procès de quatre militants qui seront libérés mais mis à l’écart de l’ULB.
Cinquante ans plus tard, l’auteur souligne combien des combats investis par UUU demeurent d’actualité : solidarité de la jeunesse intellectuelle avec le monde du travail, rejet de toute forme de racisme ou de discrimination envers les travailleurs migrants, combat antifasciste et contre la répression policière, aspiration à un système d’enseignement réellement émancipateur, utilisation de méthodes radicales pour faire aboutir ces luttes. Il estime qu’en orientant son action vers les travailleurs, UUU a mis son nom en conformité avec sa pratique. Il a aussi été capable, dans le contexte des années 1968-1970, de saisir l’importance des moments de rupture collective avec les règles prétendument immuables, établies pour imposer le respect de l’ordre établi par la classe sociale dominante.
Vous pouvez télécharger la version mise en page et illustrée de l’étude en cliquant ICI.
Auteur(s) : Maxime Tondeur
Lieu d'édition : Seraing
Édition : IHOES
Année de publication : 2020
Nombre de pages : 40
Disponible en ligne
Prix : gratuit